La naissance à New York du Jazz Afro-cubain

 

L'un des premiers Cubains à s'intégrer au monde du Jazz aux Etats Unis est certainement Alberto SOCARRÁS qui enregistre le premier solo de flûte de l'histoire du Jazz en 1927 avec l'orchestre de Clarence Williams. Mais ce sont Mario BAUZÁ et MACHITO, installés à New York respectivement en 1930 et 1937, qui vont être les véritables artisans de la naissance d'une nouvelle façon de jouer le Jazz.
Ils créent en 1940 leur propre formation, les "AFROCUBANS".


Machito, Graciela, Bauzá
En quelques années cette formation en utilisant les recherches des créateurs du BeBop, Gillespie, Parker, Clarke…, en incorporant à leur groupe d'excellents boppers et en exploitant les instruments et les rythmes cubains va révolutionner le monde du Jazz. Parallèlement, les grands jazzmen américains, surtout Gillespie et Parker, vont eux aussi travailler avec des percussionnistes cubains, d'abord Diego IBORRA puis "Chano" POZO, Carlos VIDAL et par la suite avec Cándido CAMERO et "Mongo" SANTAMARÍA ainsi qu'avec la section rythmique des "AFROCUBANS ".
Ces recherches conjointes vont aboutir à la création d'un Jazz Afro-cubain original dont les pièces maîtresses sont les compositions de BAUZÁ "Tanga" , de Gillespie, Russel et POZO "Cubano-Be, Cubano-Bop" et "Manteca" de Gillespie, Fuller et POZO.

Dizzy Gillespie.

Le moment fort de ce Jazz Afro-cubain se situe à la fin des années quarante et au début des années cinquante lorsque les "AFROCUBANS" hantent les grands clubs de Jazz de New York , le Royal Roost, le Bop City, le Birdland aec leur pianiste René HERNÁNDEZ et lorsque Gillespie, Parker se produisent dans de grands concerts avec POZO ou avec les "AFROCUBANS". Avec ces derniers, Parker, enregistre la très brillante "Afro-Cuban Jazz Suite" écrite par l'arrangeur et compositeur cubain "Chico" O'FARRILL. Avec "Chano", "Dizzy" joue et grave la "Manteca Suite" en quatre mouvements: "Manteca", "Contraste", "Jungla" et "Rhumba" également de O'FARRILL.
La voie tracée par POZO, BAUZÁ, MACHITO et les "AFROCUBANS " est bientôt empruntée par d'autres Cubains et principalement des percussionnistes, très recherchés par les jazzmen américains: Outre CAMERO et SANTAMARÍA; "Patato" VALDÉS, Armando PERAZA, "Chino" POZO...


Mais les "AFROCUBANS" à ce moment sont capables d'offrir un autre visage.
Lorsqu'ils se présentent notamment au Palladium Ball Room, pour un public latino attaché à la musique dansante ils incorporent à leur répertoire les transformations de la musique cubaine menant vers le Mambo que l'on peut même sentir dans certaines compositions ou choix de BAUZÁ et de MACHITO. "Freezelandia", "Que rico el mambo", enregistrées dans cette période portent la marque personnelle de MACHITO dans ce processus.

Cette facette du groupe qui ira en se développant place indubitablement MACHITO et les "AFROCUBANS " parmi les pères fondateurs de la Salsa .

En 1974, "Chico" O'FARRILL compose une " Afro-Cubans Jazz Suite " que MACHITO, Mario BAUZÁ et "Dizzy" Gillespie interprètent et enregistrent.
En 1977, "Dizzy" Gillespie, complètement imprégné de ce Jazz Afro-cubain qu'il a contribué à forger, visite Cuba et donne un concert avec le groupe "IRAKERE" au Théâtre Mella de La Havane.


Dizzy, A. Sandoval, P. d'Rivera, Stan Getz, C. Averoff
,
Descarga. Hotel Havana Libre 1977, Photographie Collection Max Salazar
.

" Dizzy" transmet à une nouvelle génération de jazzmen cubains, née dans l'île, l'héritage de Diego IBORRA, Alberto SOCARRÁS, Mario BAUZÁ, MACHITO, "Chano" POZO,
Cándido CAMERO, "Mongo" SANTAMARÍA… Une nouvelle page du Jazz cubain commence.

© Patrick Dalmace

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